les Basques face aux peuples germaniques

Publié le par picozuri.over-blog.com

 LES BARBARES N'ONT DONC PAS EPARGNE LE PAYS BASQUE....      

 

   St Jérôme (vers 340-420), célèbre pour sa traduction de la Bible en latin (c'est la Vulgate), déclare que tout a été dévasté entre les Alpes et les Pyrénées, que l'Aquitaine, en particulier, fut totalement dépeuplée. Mais il faut se méfier de ce témoignage venant d'un  nostalgique des bienfaits de l'ordre romain, lequel était alors encadré par l'Eglise. Les Suèves, les Alains et les Vandales traversèrent le Rhin, selon la tradition le 31 décembre 406, et ne traînèrent pas en route pour se rendre vers l'opulente Espagne. Ils furent arrêtés, on l'a vu, entre 407 à 409 dans la région des Pyrénées, mais laquelle? Les Vascons aidèrent-ils les Romains (des affrontements semblent avoir opposé les Basques aux Suèves)? On l'ignore, ce que l'on sait c'est que le séjour forcé sur le piémont pyrénéen entraîna des dévastations et des pillages. L'Empire, du moins ce qu'il en restait, fut défendu dans notre région par deux frères présentés comme nobles et fortunés, Didyme et Vérinien, selon Orose. 

 

 Une lettre de l'empereur Honorius (395-423) de l'année 408 accorde l'hospitalité (logement obligatoire chez l'habitant) à Pampelune pour des soldats fidèles ayant défendu les Pyrénées. La milice de Pampelune fut commandée par un certain Sabinianus (d'après une lettre adressée à ce même empereur dans la seconde décennie du Vème siècle, la seule que nous ayons conservée pour l'Occident à cette époque).  

 

  LES DEUX FRERES FURENT TUES PAR LES BARBARES?   

 

   Ils furent finalement exécutés pour trahison par l'usurpateur Constantin [1]. En septembre-octobre 409, la voie devint alors libre pour la conquête de la péninsule [2] (Pampelune fut alors détruite), malgré l'assurance faite par le conspirateur à un Honorius dépassé (conquête de l'Italie en 406 par les Ostrogoths, puis sac de Rome en 410). Rome avait envoyé ses troupes espagnoles combattre en Gaule contre les usurpateurs, aussi ce qui restait de l'Empire (il ne disparaîtra officiellement qu'en 476) négocia, on l'a vu la dernière fois, avec les Wisigoths de Wallia (roi de 415 à 418). Celui-ci obtint (en 416) du patrice Constant l'Aquitaine depuis Toulouse (la première capitale des Wisigoths où mourra d'ailleurs ce roi) jusqu'à l'océan, à charge pour ces Germains de pacifier l'Espagne pour permettre l'acheminement du blé d'Afrique. Ils contrôlèrent ainsi le piémont pyrénéen, bousculèrent dans un premier temps les Vandales (leurs vieux ennemis), vainquirent les Bagaudes, les Alains en 416, et parquèrent les Suèves en Galice. Le blé d'Afrique les intéressait, mais ils durent se replier finalement dès 418 dans le Sud de l'Aquitaine après un nouveau traité signé avec Rome [3]. Salvien [4] loue la prospérité retrouvée de l'Aquitaine et de la Novempopulanie après la défaite des Bagaudes, jugés responsables d'une instabilité longue de 25 ans. Mais ceux-ci continuèrent à s'agiter de l'autre côté des Pyrénées. Un certain Basilius reconstitua une troupe de Bagaudes en 449 et massacra une troupe fédérée dans l'église de Tarrazona, non loin de Calahorra. L'évêque Léon fut aussi tué. Et souvenons-nous d'Arakil dont nous avons parlé l'autre jour. Les Wisigoths ne connurent d'ailleurs aucun succès probant entre 435 et 450 et il est peu probable qu'ils se soient établis au Pays Basque, une terre pauvre. Mais cet Etat organisé, si près des Vascons, allait pour la première créer chez ce peuple un besoin d'unité, alors que jusqu'ici les populations restaient diverses et séparées (même si la langue et une culture commune étaient un ciment sans doute) cohabitant pacifiquement avec l'autorité, il est vrai lointaine, de Rome. Les hostilités ne commenceront pas tout de suite, la haine mit du temps à se distiller. 

 

 QUAND COMMENCERENT-ELLES?   

 

     Les Vascons sont attaqués pour la première fois vers 449 par des Suèves fraichement convertis à l'arianisme. Leur roi Rechiarus pille Pampelune, Calahorra, Iruña dont le site sera alors abandonné et ce ne doit pas être un cas isolé. Puis, en 456, c'est au tour des Hérules (des envahisseurs peu connus), qui après l'échec d'un débarquement en Galice, ravagent la côte cantabrique et vardule en compagnie des Frisons et des Saxons. Par ailleurs, les Wisigoths de Théodoric II (453-466) envahissent de nouveau l'Espagne sur ordre de Rome en 456 après l'invasion de la province de Carthagène, l'année précédente, par son beau-frère Rechiarus. Les combats , qui se situent à Astorga, ont dû être précédés par le passage des cols occidentaux des Pyrénées par les Wisigoths. Le frère de Théodoric, Euric (466-484), le plus puissant des souverains germaniques de ce temps, envahit, en 466, la région de l'Ebre pour joindre une armée venue par les Pyrénées orientales. Il se déclare alors indépendant de Rome. Isidore de Séville [5] raconte qu'après avoir soumis les Suèves en Cantabrie et Galice (où le royaume suève survivra encore un siècle jusqu'en 575), le roi aurait envoyé, depuis Toulouse, une armée conquérir Pampelune, la vallée de l'Ebre et la Tarraconaise en 470 ou 472. Alaric II (484-507) était un arien comme son père...  

 

  UN ALLEMAND?  

 

  Non, pas un aryen, un arien est un chrétien hérétique qui diverge sur la foi chrétienne... mais il était plus tolérant que son père  et permit au concile d'Agde de se dérouler sur ses terres: des évêques de Novempopulanie purent s'y rendre. Ce souverain, qui possédait presque toute l'Espagne (seule la partie nord-ouest lui échappait), l'Aquitaine et une bonne partie de la Provence, ravagea toutes les villes de Novempopulanie, dépradations dénoncées par Grégoire de Tours, scandalisé par les exactions de cet hérétique. Il avait une résidence à Aire-sur-l'Adour. Mais les Vascons échappèrent à son emprise.         Il mourut à Vouillé (507), tué par Clovis (481-511) qui brisa le rêve wisigothique d'Euric. Les Wisigoths se replièrent en Espagne et s'établirent à Tolède en 554.    

 

  CLOVIS, LUI, SE BAPTISA DANS LE CATHOLICISME...      

 

  Oui. On le nomme Koldo en basque. Sous son règne, les frontières au Sud de la Garonne sont très incertaines, même si après Vouillé toute l'Aquitaine lui revient. Il faut noter que des évêques de Novempopulanie manquent à l'appel aux conciles d'Orléans de 551 et 553, peut-être à cause de troubles, mais cela ne veut rien dire car il manque aussi à l'appel des prélats du Nord et de l'Est. Il est possible aussi que les Wisigoths soient restés un temps au Sud d'Aire-sur-l'Adour, qui aurait même été leur capitale après la perte de Toulouse. Clovis et les siens ne se préoccupèrent pas de la région, dans le meilleur des cas de Bayonne. Le Pays Basque échappait encore à une occupation grâce à son absence de richesses.     

 

  Le concile de Lérida (524), tenu de l'autre côté des Pyrénées, nous apprend un élément intéressant. Il interdit aux prêtres de répandre le sang, même dans des villes assiégées. Serait-ce une allusion à des villes attaquées par les Vascons? La guerre aurait-elle repris depuis les années 470? En 541, 5 rois francs, Childebert (511-558), son frère Clotaire (511-561) et 3 fils de ce dernier, prennent Pampelune et Saragosse avec une immense armée, raconte la Chronique de Saragosse, mais ils seront vite chassés par les Goths. Ceux-ci (le général Theudis) bloquèrent toutes les issues des Pyrénées pour empêcher les Francs de retourner chez eux, sauf au Pays Basque où l'armée franque, du moins une partie, aurait été anéantie en passant les cols des Pyrénées (lesquels?), prélude à Roncevaux, un épisode complètement passé sous silence par Grégoire de Tours [6].    

 

 LES BASQUES ETAIENT ALORS LES ALLIES DES WISIGOTHS?     

 

  Peut-être, mais alors cette alliance ne fut pas très longue, car on sait que Léovigild (567-586)  attaqua les Vascons (le premier conflit certifié depuis Alaric II), en Cantabrie, et repoussa leurs assauts vers 571. Il occupa tout le Nord de l'Espagne, mais la chronique de Juan de Biclar [7] ne cite aucun toponyme basque. Peut-être ne constituaient-ils plus une menace. Mais en 580, de concert avec  la révolte catholique d'Hermenegild, le fils du roi, en Bétique (Sud de l'Espagne) et au Sud de la Lusitanie (Portugal), les Vascons se soulèvent. Léovigild intervient contre eux l'année suivante en pénètrant sur leurs terres, et fonde Victoriacum (aujourd'hui Vitoria [8], selon la tradition) au centre de la plaine alavaise. Le terme "occupare" utilisé par les sources semble indiquer une autorité réelle sur la région. Léovigild est d'ailleurs considéré comme le plus illustre des souverains wisigoths. Puis, c'est à nouveau l'accalmie jusqu'au début du VIIème siècle. Léovigild a d'autres chats à fouetter, notamment la rébellion de son fils en 582. Le tournant des relations vasco-wisigothiques viendra de la conversion au catholicisme (587) du fils d'Hermenegild, Reccared (586-601), épisode essentiel de l'histoire espagnole. Les Vascons ne cesseront de harceler le saint homme (notamment vers 585-586) défendu vigoureusement par Isidore de Séville. Ce dernier encouragea son souverain à reprendre à nouveau les terres envahies par Léovigild, opération qui n'avait finalement rien donné. Il y eut plusieurs campagnes militaires menées.

 

 EN VAIN, SANS DOUTE...   

 

  Le fils du converti, Liuva (601-603), n'aura pas le temps de lutter contre les Vascons. Viteric (603-610) les laisse tranquille, mais Gundemar ou Gondomar (610-613), vers 611 parallèlement à une attaque contre les Byzantins dans le Sud-Est, puis Sisebut (613-621) s'en prennent aux Ruccones, des Vascons de la Rioja et leur reprirent la Cantabrie (à moins que cela soit aux Francs, venus ici avec un chef nommé Francio). Sisebut pénétra en Vasconie en 621, semble t-il, jusqu'aux Pyrénées même, en représailles à des exactions vasconnes dans la lointaine province de Tarragone en Catalogne. Les Vascons se réfugièrent et errèrent dans les montagnes, reconnurent l'autorité du roi wisigoth, se courbèrent devant lui en le suppliant de leur pardonner, offrirent des otages et édifièrent avec leurs impôts et leur labeur une cité à Ologicus (aujourd'hui Olite, dans le centre de la Navarre). La ville fut bâtie sur un terrain dégagé pour verrouiller la vallée de l'Ebre depuis Calahorra, Pampelune jusqu'à Saragosse à un moment où les liens de ces cités s'étaient distendus avec les guerres. L'archéologie n'apporte pas plus de confirmation que pour Vitoria. Les survivants vascons furent traités comme des esclaves, la guerre dut être très rude. Mais cet énergique souverain sera déposé la même année, sur intervention du roi franc Dagobert (l'assassinat politique cessa à la cour des Wisigoths depuis le règne d'Athanagild, premier roi à mourir dans son lit en 567).  

 

   LES VASCONS  SE SONT A NOUVEAU SOULEVES?   

 

  Oui, finalement, tout recommença, car une lettre de Braulio, l'évêque de Saragosse, adressée au roi Suintila (621-633), un fils de Reccared, évoque des troubles causés par l'ennemi en 625. Ce souverain combattit d'ailleurs activement les Vascons, et ce dès le début de son règne. Isidore présente une campagne éclatante, mais il l'écrivit sous son règne et a pu lui présenter son livre. Des raids basques avaient précédé cette attaque qui fut finalement un échec. Sisenand (633-642), premier roi oint [9] (cela ne l'empêchera pas d'être détrôné et tonsuré), ne combattra pas les Vascons, Chindaswinthe (642-649) non plus. Mais ce dernier, un alerte octogénaire usurpateur, aurait été proclamé à Pampelune (ville aux mains des Goths depuis la chevauchée de Sisebut?). Mais sous son règne, un certain Oppila, chargé de combattre les Vascons qui s'était fortement soulevé en 642, sera tué par eux lors d'une escarmouche, l'année suivante, près de Saragosse (son épitaphe a en effet été retrouvée). Une importante offensive menée par ces derniers, en 653 ou 654, effraya l'Espagne de Receswinth (653-672, un règne long pour un wisigoth), selon la Chronique mozarabe d'Isidore ou de ses successeurs. Le gouverneur de Tolède, le comte Froya ou Froila, trahit son roi, et trouva refuge chez les Vascons, se lamente Tajon, l'évêque de Saragosse dans une lettre. Le félon mettra même le siège devant Saragosse, mais sera rapidement tué. Receswinthe combattra avec acharnement les Vascons, mais subira de lourdes pertes.   

 

 TOUJOURS SANS RESULTAT...    

 

  En 672 ou 673, pour inaugurer son règne (quoi de plus traditionnel désormais?), le roi Wamba entreprit une violente campagne en pays cantabre contre les Vascons. Au même moment, le duc Paul se soulève en Septimanie (le Languedoc actuel toujours aux mains des Wisigoths), soutenu par la noblesse d'Aquitaine. Le souverain s'en tient à la haute vallée de l'Ebre: ce sera la Guerre de 7 jours, racontée par Julien de Tolède (642-690), le successeur d'Isidore à la tête de l'Eglise wisigothique, dans son Histoire de Wamba, souverain qu'il avait oint directement. Les ravages sont tels (en Alava et Navarre occidentale) que les Vascons préfèreront capituler et accorder plus de présents que ce que le roi avait demandés, en signe de bonne volonté. Mais celui qui mourut en 681, auréolé par cette victoire (Vascones revelantes domuit , "il a soumis les Vascons rebelles"), sera finalement drogué et tonsuré par Ervige (680-687). Celui-ci ne combattra pas les Vascons: il est surtout connu pour avoir fait de Tolède un siège primatial taillé sur mesure pour Julien.   

 

  L'INSTABILITE DES ROIS WISIGOTHS EST UNE CHANCE POUR LES BASQUES...  

 

   Certainement. C'est également un usurpateur, Rodéric (710-711), qui sera sur le trône quand déferleront les troupes musulmanes: au même moment (au printemps 711), il était à Pampelune pour affronter traditionnellement les Vascons. Il y laissera d'ailleurs une garnison poursuivre le combat. Elle se rendra aux musulmans.  

 

 ON ABORDE LES FRANCS AVANT D'ETUDIER LES MUSULMANS?     

 

  Oui. On sait peu de choses des lendemains de Vouillé (507). Ce n'est qu'en 580 que les chroniques franques mentionnent pour la première fois les Vascons avec Venance Fortunat (né près de Trévise vers 550, mort en 609), l'évêque de Poitiers, qui célèbre le roi Chilpéric Ier (539-584) [10], un petit-fils de Clovis, qui "effraie avec ses armes le Vascon vagabond et lui fait abandonner ses alpestres Pyrénées". Une attaque vasconne est attestée en 581 par Grégoire de Tours: le duc franc Bladaste est moins heureux que Léovigild de l'autre côté des Pyrénées et perd la plus grande partie de son armée en voulant sans doute piller la région. Mais les attaques vasconnes pouvaient aussi être préventives et ne pas être forcément des représailles. Les Basques ont pu profiter de la brève usurpation d'un certain Gondovald (584-585), soutenu par le duc de Bordeaux Blabaste, pour se soulever sous le règne de Gontran (561-592). L'évêque de Dax est d'ailleurs absent du concile de Mâcon en 585. L'attaque vasconne de 587 a beaucoup intrigué les historiens, car Grégoire de Tours les fait sortir pour la première fois des Pyrénées. On en reparlera. Il s'alarme et annonce que les Vascons sont descendus de leurs montagnes, atteignant la Garonne, dévastant les cultures, incendiant les maisons et emmenant en captivité hommes et troupeaux. Le comte de Toulouse Austrovald (mort en 607) mena bien des campagnes contre eux sans succès, perdant beaucoup d'hommes, en particulier donc, en 587. A cette date, il devint duc en Aquitaine en remplaçant un certain Didier. Les Basques ont pu lui rendre hommage, mais durent conserver leurs propres lois. Certains historiens pensent qu'il combattit les Wisigoths à Carcassonne en raison de la présence des Vascons près de cette région.  

 

  ILS SONT DECIDEMENT PARTOUT...   

 

  Mais comme sur l'autre piémont, une certaine accalmie est notée par les sources jusqu'au début du VIIème siècle. Elle est peut-être à mettre en relation avec la création d' une marche-frontière autour de Lescar et Aire-sur-l'Adour confiée au duc de Tours et de Poitiers, un certain Ennodius. Il fallait surtout défendre Dax et Bayonne. A ce sujet, le traité d'Andelot (587) obligea le roi de Bourgogne, Gontran (561-592), à céder à son neveu Childebert II, roi de Neustrie (pays de la Seine), la cité de Lapurdum (Bayonne) avec ses territoires [11]. L'ancien castrum était devenu une cité, mais sans évêque encore (comme Vitoria, également une place forte). Les Francs étaient soucieux de défendre le rivage depuis la Gironde. Bayonne contrôlait le cabotage des flotilles franques. En 602, les petits-fils de Brunehaut, Thierry II (ou Théodoric), roi de Bourgogne (596-613), puis d''Austrasie (Nord-Est du royaume franc) après 612, et Théodebert II (appelé aussi Thibert), roi d'Austrasie (596-612), imposèrent un tribut aux Vascons qu'ils vainquirent, et un duc, Gonialis (appelé aussi dans les sources Genial ou Genialis), chargé de la collecte de ce tribut selon Frédégaire [12]. La paix semble alors s'imposer pendant une vingtaine d'années, mais en 626, toujours selon Frédégaire, l'évêque d'Eauze et son père furent condamnés à l'exil par le nouveau duc, Aighynane, un saxon qui les avait accusés de complicité avec les Vascons, apparemment à nouveau agités.    

 

 C'EST REPETITIF...    

 

 A la mort de Clotaire II (629), son fils, Dagobert, créa pour son demi-frère Charibert II, déjà écarté par son père (était-il vraiment un simple d'esprit ou présentait-il simplement un handicap physique?) une zone militaire faisant tampon avec le pays franc, mais avec le statut de royaume. Le "bon roi Dagobert" fit cette concession à son oncle Brodulf qui défendait les intérêts de son neveu dans sa capitale à Toulouse. Celui-ci s'étendait de la Loire aux Pyrénées comme l'Aquitaine des Romains. Il fallait cependant vaincre les Vascons, ce qui fut fait apparemment en 631. A la mort de son frère la même année (de tuberculose ou de dysenterie, on ne sait pas au juste), Dagobert fit tuer, six mois plus tard, dans le berceau, son neveu Chilpéric, et soumit ainsi la Vasconie même montagneuse avec Aighinan (autres orthographes possibles), le successeur de Genialis (de 626/627 à sa mort en 638).    

 

 LA CRUAUTE DES MEROVINGIENS N'EST PAS UNE LEGENDE...    

 

 Mais dans la 14ème année de son règne [13], les Vascons se révoltèrent. Le danger devait être grand (ils menaçaient sans doute toute l'Aquitaine), puisque celui-ci convoqua l'armée burgonde. Le référendaire Chadoind et 10 ducs francs bourguignons ou saxons furent sollicités (il est rare de voir combattre ensemble plus de deux ducs). "Toute la patrie vasconne est couverte de soldats", s'enflamme Frédégaire. Conscients de leur infériorité, ils retrournèrent dans leurs montagnes et vallées pour trouver refuge. Les maisons vasconnes furent brûlées et les combattants durent implorer le pardon comme en 602et 631, mais cette fois promirent de se rendre auprès du roi. Mais par négligence d'un certain Arimbert ou Arnebert, les Francs furent attaqués et tués en nombre dans une vallée de la Soule (Subola en latin), peut-être du côté de Tardets. Il dut avancer en colonnes séparées en ratissant les vallées et fut pris au piège. 

 

 L'année suivante, une délégation vasconne constituée des plus anciens se rendit effectivement à Clichy (une résidence royale créée par Clotaire II) auprès du roi pour jurer soumission et fidélité. Ils furent conduits prisonniers par Aighynane, nommé à nouveau duc d'aquiatine. La chronique de Frédégaire nous les montre ensuite dans l'église St-Denis terrorisés (terreur feinte ou réelle?), mais finalement épargnés par le roi. Ils purent retourner chez eux. Mais le chroniqueur est amer, car les Vascons se soulèveront encore une fois, plus tard, malgré leur serment. Il faut dire que le missionnaire St Amand (594-679 ou 684), futur évangélisateur de la Gaule du Nord (il finit évêque de Maastricht), mandé par le roi, fut moins heureux en terre vasconne: ce prélat se retrouva dans les Pyrénées (il y fut consacré vers 628) à la suite d'un exil pour avoir critiqué Dagobert si l'on en croit son biographe Baudemond.   

 

  CE DAGOBERT N'EST VRAIMENT PAS COMMODE...   

 

 Cependant, la situation est apaisée jusqu'au début du VIIIème siècle, ce qui n'est pas négligeable. Les Francs ont en effet accordé leur confiance à des personnalités mieux acceptées par les Vascons, mais d'origine incertaine pour nous. Les "rois fainéants", les successeurs de Dagobert, ne se ressés à la Vasconie, ils étaient occupés à se battre en Neustrie (pays de la Seine). Ainsi, le duché d'Aquitaine permit d'échapper à la centralisation franque qui par nature ne supporte aucune contestation.  

 

  Un certain Félix ressuscite à Toulouse le royaume de Charibert entre 660 et 671/672. Il porte le titre de "patrice", qui sonne notable gallo-romain et qui désigne ici un commandement des armées. Il se fera appeler plus tard duc d'Aquitaine et de Vasconie ayant réussi à fédérer les Vascons en 668. Mais un certain Lupus, pris pour un basque (Ochoa, "le loup" est un nom fort répandu en Navarre) peut-être parce qu'il combattait comme eux, succède à Félix dont il était un fidèle en 671. Les Miracles de St Martial racontent qu'il obtint le principat sur toutes les cités jusqu'aux Pyrénées sur la "sale race des Vascons" (sic). C'était un titre quasi-royal, porté uniquement par Wamba et les empereurs romains. Ce Loup (mort après 676) soutint la révolte de Septimanie du duc Paul et était de mêche avec les Vascons. Il accueillit aussi des adversaires d'Ebroïn, maire du palais de Neustrie. Clotaire III, roi de Neustrie et de Bourgogne (657-673), se décida à intervenir contre les Vascons (671-672), qui étaient venus se mêler dans le différend entre les Francs et ce vassal aquitain infidèle.   

 

 LES VASCONS VONT ALORS ABANDONNER LES AQUITAINS?  

 

 Pas du tout. Ils vont même constituer l'essentiel des troupes qui permettra à la lignée des princes d'Aquitaine de tenir tête aux derniers Mérovingiens, puis à partir de 751 aux Carolingiens. L'apogée de la nuisance exercée par ces ducs se situe vers 718-721 lorsque Eudes (né vers 650/660), un vrai germain celui-là, prince depuis 681 environ, s'allia avec le mérovingien Chilpéric II (roi de Neustrie et de Bourgogne de 715 à 719, puis des Francs de 719 à sa mort en 721) contre Charles Martel, le puissant maire du palais (Premier ministre), le véritable maître des Francs de 717 à 741. Frédégaire affirmera que ce roi mérovingien avait accordé le royaume à cet intrigant, ainsi que de l'argent (regnum et munera). Mais alors qu'il vainquit les musulmans à plusieurs reprises (à Toulouse notamment en 721), il n'aura pas le dessus militairement face aux Francs (défaite de Néry entre Soissons et Orléans en 719), doit s'enfuir et remettre Chilpéric, car entre temps Charles Martel avait perdu son prête-nom, Clotaire IV décédé en 719. Après avoir repris Bourges en 731, le maire du palais ravagera l'Aquitaine à deux reprises, et ce malgré l'avancée musulmane au même moment. Il vaincra Eudes l'année suivante sur la Dordogne ou la Garonne. Ce dernier devra se réfugier chez ses alliés vascons.   

 

 EN 732, DONC?     

 

 Oui, l'événement fut évidemment éclipsé par la bataille de Poitiers. Calomnié pour s'être compromis avec l'islam (ce qui est faux), Eudes se réfugia dans un monastère de l'île de Ré où il mourra en 735. Charles finira par capturer deux de ses fils, mais Hunald (735-745), le plus coriace, lui échappera. En 736, le fils de Charles Martel, Pépin le Bref, qui a la charge de la Neustrie et de la Bourgogne à ce moment-là (il devient maire du palais à la mort de son père en 741), prétexte d'une attaque vasconne pour attaquer les "Romains" (qualificatif pour désigner  les Aquitains plus marqués par la culture romaine que par les Germains). Il vaincra le duc près de Blaye en 742.Mais ce dernier s'emparera encore de Chartres, l'année suivante avec ses Vascons, et incendia la cité, mais il dut se réfugier, comme son père en Gascogne, on ne sait pas où.   

 

   IL FUT CAPTURE?  

 

  Non, cet homme fantasque et cruel (il fit crever les yeux de son frère Hatton, resté fidèle à Charles Martel) se fera enfermer comme son père dans un monastère de l'île de Ré en 744 (puis à Rome en 752) au profit de son fils Waifre. Ce géant, qui maîtrisait mieux les techniques militaires, va affronter, avec son frère et quelques Francs mécontents, l'armée de Pépin. Il accueillera ainsi sur ses , en 749, le demi-frère de Pépin le Bref (roi depuis 751), Griffon (726-753 environ). Les Francs envahirent le duché chaque année à partir de 760 au sujet, au départ, de biens ecclésiastiques qui auraient été spoliés par les Vascons (mais Charles Martel l'avait souvent fait). Le duc temporise, puis dirige une équipée d'intimidation jusqu'à Châlons et Autun en ramenant un gros butin et sans rencontrer de résistance. Il réussira à occuper aussi la Narbonnaise, la Lyonnaise et la Touraine, malgré la résistance de l'abbé de St-Martin de Tours, Vulfrad. Pépin lava l'affront et tua beaucoup de Vascons en Auvergne en 761-762. En reprenant Bourges, il captura et déporta "vers la France" la garnison vasconne. On note la même chose à Thouars, Angoulême, Périgueux, Agen, cités également défendues par des garnisons vasconnes. Waifre résista jusqu'en 768. Les campagnes militaires furent féroces et les Francs tuèrent encore beaucoup de Vascons. L'Aquitaine dut finalement se soumettre après la chute de Bordeaux, au printemps 768, et la capture d'une partie de la famille du duc à Saintes. Celui-ci erra en Périgord plutôt que de se réfugier chez les Vascons cette fois. Il fut tué par un des siens sur ordre du roi franc en juin 768 (celui-ci ne lui survivra guère et mourra en septembre de la même année à St-Denis). Hunald II (768-769), frère du défunt, personnage mystérieux, se réfugiera chez son neveu Loup II, proclamé duc des Vascons, personnage tout aussi énigmatique, qui livrera son oncle à Charlemagne pour sauver sa Gascogne (il sera pourtant emprisonné plus tard) [14]. Avant de mourir, Pépin avait obtenu, au printemps, l'alliance des Vascons à Bordeaux (les deux armées se sont fait face des deux côtés de la Garonne). Le fils de Pépin, Charlemagne (768-814), qui participa à cette guerre d'Aquitaine était présent à ce moment-là.      

 

 AVEC CHARLEMAGNE, ON EN ARRIVE A RONCEVAUX...   

 

   Oui, 10 ans plus tard. Si nous connaissons la date de la bataille (samedi 15 août 778 [ ]) grâce à l'épitaphe manuscrite (retrouvée à la Bibliothèque nationale à Paris) du sénéchal et prévôt de la table de Charlemagne, Eggihard (Aggihardus), qui y fut tué, nous ignorons le lieu exact des combats. Eginhard (775-840), le biographe du roi, notre seule source quasiment sur ces événements (aucune chronique arabe contemporaine ne relate l'événement), écrit simplement "après avoir atteint les Pyrénées", mais il ajoute plus loin "Wasconicam perfidiam" (ce qui exclut les cols orientaux de la chaîne pyrénéenne) . Les historiens en ont déduit que le futur empereur a dû utiliser un des plus anciens chemins de la route menant à Compostelle (le pélerinage va bientôt émerger) qui se situent à quelques kilomètres seulement à l'est de Roncevaux: on s'autorise alors à placer la bataille sur le col de Lepoeder, Bentarte, ou sur un chemin passant par l'Altobiscar. Car pour le reste, aucune trace archéologique n'a été retrouvée et le nom de Roncevaux n'apparaît dans les documents qu'au XIIème siècle.  L'endroit s'appelait Orria jusque là, basquisé plus tard sous la forme de Auritze.  Les Romains avaient édifié un fanum sur les lieux (un petit temple) qui a pu subsister à l'époque et dont il reste des fragments au Musée de Pampelune. Pour le reste, le territoire était peuplé par des bergers implantés sur le plateau actuel de Burguete en contrebas à 880 m d'altitude.    

 

 ET CHARLEMAGNE VINT PASSER PAR LA...    

 

 Oui, c'est également par ce chemin probablement que Charlemagne se rendit en Espagne avec la 2ème colonne franque [ ], pendant que la première passait par le Perthus, à l'Est des Pyrénées. Les soldats qui se dirigèrent vers le sol basque étaient sans doute originaires de Neustrie et d'Aquitaine et plus ou moins réquisitionnés. Ils empruntèrent probablement Roncevaux; le Somport, en Béarn, a l'inconvénient de dépasser de 400 mètres le col d'Ibañeta (qui n'est qu'à 900 m), d'être plus éloigné de Pampelune, de plus il a toujours été très peu emprunté par les soldats. Plus à l'ouest, Velate ne devait probablement pas offrir une route militaire et Lapurdum (Bayonne), faute de ponts sur l'Adour, fut négligé au détriment de Sordes qui joignait ensuite Carasa, Immus Pyreneus, soit la route classique....  

 

 A QUEL MOMENT CHARLEMAGNE PASSA T-IL PAR LE PAYS BASQUE?    

 

 On sait que le roi franc passa Pâques à Chasseneuil en Poitou et que la fête tombait le 19 avril. Il dut être à Roncevaux en mai. Il n'y eut pas d'affrontement à Pampelune, où il n'y avait pas de musulmans. Charles laissa une garnison probablement pour impressionner les Vascons après sa traversée épique des Pyrénées. Le séjour fut bref dans la cité navarraise et l'Ebre fut traversé à gué près de Tudela, un bourg créé par les Romains. Le fils de Pépin assiégea Saragosse, mais pas plus que les Mérovingiens de 541, il ne put ouvrir les portes de la ville. Il n'obtint que de l'or des wallis (gouverneurs) qui l'avaient amené jusqu'ici. Or, cet or encombrera les bagages, alors que Charlemagne, dépité, veut rentrer vite sans fioritures. A Tudela ou du moins sur la Ribéra, en terre chrétienne, un coup de main musulman lui fera l'affront de faire libérer par ses deux fils, Suleiman ibn al-Arabi, l'homme qui était à l'origine de l'expédition, venu jusqu'à la cour franque promettre la reddition de Saragosse.   

 

 IL DEVAIT ETRE FURIEUX....   

 

 Les raisons malheureuses qui ont poussé le futur empereur à mettre à sac Pampelune et à détruire ses remparts, selon les Annales royales peut-être écrites par Eginhard, sont obscures. La ville était en effet chrétienne, alliée, et avait résisté à une attaque musulmane. Manquait-il de ravitaillement ou finit-il par craquer lorsqu'il apprit que Widukind (755-810), figure emblématique de l'implacable résistance saxonne, avait quitté son refuge danois et se rapprochait du Rhin à l'annonce de l'échec de Saragosse? Il se méfiait de ces cousins des Gascons et n'oublions pas qu'il avait combattu avec son père les Vascons en Aquitaine. La défiance vis-à-vis des Carolingiens sera en tout cas durable chez les Vascons.  Pour eux, le valeureux Roland de la Chanson n'était autre qu'un chef pillard. Les Basques n'avaient pas d'armée permanente, mais leur organisation leur permit, comme à leur habitude, de lever rapidement une milice pour récupérer leurs biens. La mobilisation devait être générale pour oser s'attaquer à une telle armée et le ressentiment très vif par rapport au pillage de Pampelune. On ignore le nom des chefs. Ils choisirent un endroit très boisé et la fin de l'après-midi.   

 

 D'OU VENAIENT-ILS?  

 

 Mystère. Etaient-ce des montagnards des vallées d'Aezkoa, de Salazar ou des Aldudes? Voire de Pampelune indigné? Peut-être des Aragonais. Et pourquoi pas des Aquitains [15]? Par la suite, on soutiendra que ce sont les puissants musulmans qui ont attaqué l'armée franque. Aucune source carolingienne ne va dans ce sens. Car l'impact de la bataille fut considérable: outre les victimes très illustres (Roland, le comte de Bretagne, qui éclipsa Charlemagne dans le mythe [ ], Eggihard donc, Anselme le Pieux, comte du Palais), il y eut de 10 à 15 000 morts (selon les  recoupements à partir du nombre des généraux [  ]) et aucun survivant. Les chefs de l'armée franque, pensant que le danger était écarté, marchaient en effet à l'arrière-garde pour surveiller le trésor. On peut imaginer l'épouvante qui se communiqua vers l'avant de cette armée, mais il n'était pas question de revenir en arrière dans cet étroit défilé. On pressa le pas poursuivi peut-être par les assaillants jusqu'à Bentarte ou Leizar-Atheka. Peut-être s'est fait-on tuer pour sauver Charlemagne comme François Ier à Pavie. On peut tout imaginer avec des sources aussi peu loquaces. Les victimes provenaient de toute l'Europe: Austrasiens, Bavarois, Lombards, Provençaux, Septimaniens; seuls les Gascons devaient manquer. Le choc émotionnel fut considérable en Occident, même si les ennemis des Francs ne profitèrent pas de la défaite de Charlemagne; les Basques manquaient de vision politique. La Chanson de Roland, premier chef d'oeuvre de la littérature française, fit porter la responsabilité de cette tuerie  peu glorieuse sur les puissants musulmans à une époque (fin du XIème siècle) où on cherchait à justifier les croisades.  Le philosophe Hume (1711-1776) ne disait-il pas que Roncevaux était plus chanté que connu [  ]. De plus, à ce moment là, certaines familles de Navarre étaient alliées des musulmans.  On y reviendra.  

 

 COMMENT LES FRANCS ONT-ILS REAGI? CELA FAIT PLUS DE DEUX SIECLES MAINTENANT QUE LES VASCONS LEUR TIENNENT TETE... 

 

      Après 778, le personnel administratif, civil et religieux a été changé en Aquitaine. Le futur Louis le Pieux (814-840), le fils de Charlemagne, né à Chasseneuil au moment de l'invasion franque en Espagne, oint dès 781, devient la même année roi d'Aquitaine (à l'âge de 3 ans!).  Le poète aquitain Ernold le Noir (790-838 environ), un clerc de la Cour de Pépin Ier, écrit qu'ensuite les brebis ont succédé aux loups farouches et que les enragés furent domptés. Mais il s'agissait dans ce poème écrit en exil à Strasbourg, vers 826-827, de reconquérir la confiance de l'empereur qu'il avait perdu en encourageant Pépin à se soulever contre son père. A la Cour des Carolingiens, nous trouvons un certain Loup-Sanche, nourri par le roi. Ses parents ont sans doute été des otages, certains en font le fils de Loup II dont on a parlé tout à l'heure. Il doit en effet descendre d'une lignée de princes d'Aquitaine. Sa loyauté sans faille sera récompensée par le titre de prince des Vascons. Il sera duc de gascogne de 800 à 816. On le retrouve à la Cour de Louis en Aquitaine. Il l'accompagnera lors de la prise de Barcelone en 801 et le secondera au moment de la création de la Marche d'Espagne en Navarre entre 806 et 812, période de domination sur les Vascons.  

 

  C'EST LA FIN DE L'HISTOIRE?  

 

   Il y aura encore des soubresauts. L'auteur de la Vita Ludovici (Vie de Louis le Pieux) relate qu'en 789-790 Chorso, le duc de Toulouse, fut détenu par Adeliricus dit Wasco. Ce dernier sera condamné à l'exil et la paix fut rétablie jusqu'en 800. Cette année-là, des partisans du roi Louis furent tués et brûlés. La répression suivit la loi du talion, puisque des Basques furent à leur tour brûlés. En 806, le roi d'Aquitaine prend le contrôle effectif de la Navarre (il n'était que théorique depuis 778) après que les Navarrais renoncent à l'alliance musulmane. Il se réconcilia avec eux après la répression en Aquitaine mené dans le comté de Fezenzac. On retrouve Louis le Pieux à Pampelune en 812, car un groupe de Vascons, jadis soumis, s'étaient révoltés et avaient mis à sac les récoltes. Les Vascons de Dax (la ville est entre leurs mains depuis le VIème siècle) refusèrent de se présenter à lui. Ils furent vaincus et leurs terres et biens saccagés. La traversée des Pyrénées fut difficile, il séjourna à Pampelune pour y mettre de l'ordre. Il établit comme gouverneur un Navarrais, Velasco. Sur le chemin du retour, un Vascon fut pendu car il s'était avancé pour provoquer l'armée franque. Mais surtout, si l'on en croit l'Astronome [16], l'empereur captura des femmes et des enfants pour pouvoir passer les Pyrénées en toute sécurité. Ils furent relâchés après la traversée de la montagne. C'est par la terreur que Louis finit par rentrer. Cet épisode est communément appelé le "second Roncevaux.   

 

 NETTEMENT MOINS SANGLANT...  

 

 Attendez la suite. Le comte Velasco mena une politique pacifique vis-à-vis des musulmans. Il y avait en effet entre l'Europe chrétienne et le monde musulman d'intenses relations commerciales qui transitaient par les cols pyrénéens (ambre gris de l'Atlantique, résine de la Baltique, or, ivoire, émeuraudes et esclaves d'Afrique peut-être).  

 

 ET LES VASCONS DANS TOUT CA...    

 

 Des troubles éclatèrent en Vasconie au lendemain de la mort de Charlemagne (814). Sanche-Loup (appelé aussi Sigwin ou Seguin) meurt en combattant les musulmans (bataille d'Abd al Karim) en même temps que son frère Garcia Loup, comte de Dax, en 816. La disparition du premier va entraîner une instabilité dont vont profiter les Vascons. Les Annales du royaume des Francs (écrit en partie par Eginhard) racontent que deux expéditions suffirent pour les soumettre. Les Annales de Moissac affirment qu'il y eut cette année-là une première tentative pour élire un roi. Le candidat, Garsimire, fils de Skiminus, un Gascon, capturé par les Francs, fut vaincu et tué l'année suivante et le principat qu'il avait usurpé disparut.  Il y eut ensuite une nouvelle révolte en 819 également réprimée par le fils de Louis, Pépin Ier, le nouveau roi d'Aquitaine (817-838). La répression semble avoir été très violente. Lupus Centulli Vasco (appelé aussi Semen Loup), l'héritier de la Gascogne (un petit-fils de Loup II?), fut accusé d'avoir porter des armes contre Bérenger, le comte de Toulouse et Garcin, le comte d'Auvergne. Il fut vaincu en 812, exilé et son frère Garcia Centulle (dénommé aussi Garzi Eneco ou Garcia Semen) tué au combat. Avec eux s'achève la lignée des Eudes de Gascogne.  Un cousin, Loup III, héritera de la Gascogne.

 

 En 824, deux comtes vassaux des Francs, Eble et Aznar, se rendent à Pampelune, avec des soldats vascons sur invitation de Velasco (qui disparaît ensuite de nos sources), pour imposer le regnum francorum en Navarre. Ce sera un échec, l'armée franque est taillée en pièces, lors d'une embuscade, au col de Roncevaux une nouvelle fois: c'est le "3ème Roncevaux", sans doute le plus important. Ebles sera envoyé captif à Cordoue et son compagnon sera épargné pour ses origines vasconnes (Aznar Sanche serait un fils de Loup-Sanche et était comte de vasconie citérieure, on en reparlera) [16]. Au même moment, un roi est proclamé à Pampelune et il se place dans le camp musulman.  Ainsi s'achève le rêve carolingien et germanique.  

 

   Au total, on remarquera que cette marche carolingienne (région-frontière militarisée) est restée très fragile contrairement à celles d'Aragon ou de Catalogne. Roncevaux y est pour beaucoup.  

 

 ON PASSE DONC AUX MUSULMANS...   

 

 Non, une autre fois. Car jusqu'ici, nous n'avons traité que d'histoire événementielle. Arrêtons-nous un instant pour tenter de tirer quelques enseignements sur cette période. Le premier élément est que toutes ces sources univoques (histoires, correspondances, recueils de poésies, vies de saints des Wisigoths et des Francs) répondent à un archétype: les Basques présentent toujours les mêmes clichés (vagabonds, féroces, sauvages, perfides). Cette légende noire n'est pas nouvelle. Souvenons-nous notamment de Valère-Maxime au Ier siècle de notre ère condamnant le caractère impie et méprisable des combattants de Calagurris en -67 ou de Prudence au IVème siècle dénonçant la brutalité sanguinaire des Vascons. Cette réputation aura une vie longue.    

 

 Ensuite, on ne peut qu'être étonné de l'incroyable résistance des Vascons face aux peuples germaniques si l'on songe à l'époque romaine (du moins jusqu'au IIIème siècle). Y a t-il une explication démographique? Les basques furent-ils plus nombreux qu'à l'époque romaine? Ils sont capables de défendre leur pays et attaquer parallèlement en Languedoc. Certes, ils jouent de l'hostilité que se vouent leurs deux puissants voisins, alors qu'il n'y avait que la puissance romaine dans l'Antiquité. La différence de comportement a peut-être une explication sociale. Les Basques semblent s'agiter à partir de l'époque des Bagaudes: c'étaient peut-être des bandes faméliques pour qui la guerre était une nécessité pour survivre. Entre les différentes attaques, il peut y avoir un laps de temps assez long. Il est possible que les violences subies étaient ruminées bien après qu'elles aient été perpétrées: le désir de vengeance était entretenu, la mémoire très longue, entretenue de générations en générations jusqu'à qu'un chef charismatique émerge (les premiers noms n'apparaissent qu'au IXème siècle dans nos sources) ou que l'occasion favorable se présente. Les exactions de Rechiarus, des Hérules et d'Euric dans la vallée de l'Ebre au Vème, finirent par réduire les espaces cultivables. Les éleveurs s'emparèrent alors par la force de denrées qu'ils ne pouvaient plus acheter. Ceci explique l'animosité entre le monde des villes régulièrement pillé et les Vascons qui ne craignant guère les représailles depuis le départ des Romains . Leur agressivité s'exacerba avec le passage des troupes germaniques. La conjoncture n'a donc rien à voir avec l'époque romaine et peut expliquer l'attitude très différente des Vascons par rapport à l'époque romaine. Ainsi, Prudence assimilait Calahorra avec les Vascons, la période wisigothique fait de ces ruraux des voisins impossibles. Il est à noter qu'à ce moment-là les références aux sous-tribus finissent par disparaître. La chronique d'Hydatius est la dernière à évoquer les Vardules. Ces peuplades s'étaient brièvement agitées à la fin de l'Empire. Il est possible qu'elles aient voulu abandonner leur identité et peut-être leur langue et collaborer avec le nouveau pouvoir. Selon cette hypothèse, l'identité basque se serait maintenue en montagne autour des vascons et d'autres tribus peut-être. La séparation était en fait plus géographique que socio-économique. Comme les Romains, les Wisigoths cherchèrent à intégrer les Vascons en créant des villes bénéficiant de terres fertiles. Léovigild et Suintila, évoqués tout à l'heure, installèrent sans doute des populations à Vitoria et Olite par la force. Les fermiers se heurtaient aux pasteurs des montagnes et leurs déplacements devaient être périlleux.   

 

  Les Germains concédait beaucoup moins d'autonomie que les Romains [11]. Cette différence peut aussi expliquer pourquoi les Vascons sont devenus soudainement un peuple irréductible. L'Aquitaine d'après 778 n'était plus une entité admettant l'autonomie des Vascons, il fut au contraire un moyen d'asservissement et réussit enfin (mais progressivement) à venir à bout des Vascons du Nord. Le paganisme des Vascons de la montagne explique l'acharnement des Wisigoths au VIIème siècle après leur conversion au catholicisme. Les Basques se montrèrent volontiers anticléricaux, c'est du moins ce que prétend Pépin le Bref pour annexer l'Aquitaine. Les évêques de Pampelune ont brillé par leur absence du concile de Tolède. Leurs ouailles présentent les Vascons comme des alliés de l'hérésie (c'est de bonne guerre) et des étrangers donc maintenant.   

 

 Cette extrême vitalité militaire des Vascons eut pour conséquence de leur faire franchir allègrement la Garonne au VIIIème siècle en suivant le destin des ducs d'Aquitaine (jusqu'en Neustrie et en Bourgogne). Les Vascons du Sud menacent Saragosse ou sont à proximité (642, 653), on les retrouve jusqu'en Catalogne (règne de Sisebut: 612-621) ou en Cantabrie (571, 672). Il y eut aussi des périodes de reflux: la Rioja (règne de Sisebut) ,Vitoria (581), la Navarre occidentale (672), Olite (règne de Sisebut) en Navarre ]centrale, voire même Pampelune [10] (règne de Sisebut, 778).  La pression militaire wisigothe dut faire pousser les Vascons vers le Nord. A ce sujet, Grégoire de Tours suggère qu'en 587 les Basques descendirent soudainement de leurs montagnes pour un vaste mouvement migratoire vers les plaines.  Le terme de Gascogne (Wasconia), référence aux Vascons pour désigner l'Aquitaine, apparaît d'ailleurs vers 626 (le Cosmographe de Ravenne, puis le Continuateur de Frédégaire ensuite; le mot devint courant au VIIIème siècle) et supplante le terme de Novempopulanie.  Mais les historiens actuels pensent qu'il ne s'agit que d'un cliché utilisé aussi par Isidore de Séville un an auparavant. Le premier écrit prorumpere "faire sortir avec violence", le second inrupere "faire irruption, se précipiter dans". C'est un lexique incontestablement plus militaire que migratoire pour désigner sans doute des invasions endémiques (l'évêque de Dax ne peut ainsi se rendre au concile de Mâcon en 585). Les Basques du Nord des Pyrénées ont simplement été innommés jusqu'ici par manque d'intérêt ethnologique, il ne s'agit pas en tout cas de Vascons venus du côté de l'Ebre [17]. On ne peut en dire plus car l'histoire du peuplement et de l'occupation du sol basques n'est pas encore faite par les linguistes et les archéologues.   

 

 Nos connaissances les plus solides concernent le domaine militaire. L'archéologie est peu

bavarde pour cette période où pour la première fois le Pays Basque constitue une frontière entre deux puissances rivales, mais des défenses et des garnisons wisigothes ont été retrouvé.  La nécropole de Bugaza (près de Pampelune) a livré de magnifiques plaques de ceinturons des ateliers aquitains du VIème siècle.  Le site démontre l'importance stratégique de Pampelune à travers les siècles car on y a retrouvé des éléments romains, wisigothiques, francs et musulmans. La cité comptait 67 tours au VIIème siècle qui dataient de l'époque romaine. Par contre, les documents ne nous disent rien sur les reliques des saints, très choyées par les populations pourtant. Le site d'Aldaieta (près de Vitoria), lui,a révélé un matériel militaire exceptionnel (50 pointes de lances, 30 haches), du mobilier domestique issus aussi du Nord des Pyrénées et datés du milieu du VIème à la fin du VIIème siècle.   Le style de combat n'avait pas varié depuis l'époque d'Hannibal. Les sources littéraires parlent de terga vertentes C'étaient des irruptions soudaines et des affrontements éclairs, suivies de brusques disparitions dans la nature. La retraite était stratégique, les Vascons n'ayant pas les moyens militaires de faire face à un retour de l'ennemi. Ils semaient l'effroi avec leur cavalerie légère, héritière des equites hispani que nous avions vu à l'oeuvre à Sos. Ces cavaliers légers maniaient uniquement le javelot, leur arme préférée qu'ils maniaient avec adresse, ou l'arc et privilégiaient l'utilisation de terrains accidentés. L'ennemi était épié étroitement et constamment. A Roncevaux, ils se jouèrent des Francs trop lourdement armés. Ceux-ci portaient une brogne (ou broigne), un lourd vêtement de cuir sur lequel étaient cousues des plaques de métal, un grand bouclier, une lance, un casque de ferreposant sur un épais capuchon de cuir couvrant le front, les joues, le menton et ne laissant à découvert que les yeux et la bouche, tout cela en plein été... Les Basques n'avaient ni casque, ni cuirasse et marchaient avec des sandales en cuir qui laissaient le talon à découvert (lavarcas). La lutte dut être très brève. Ils jettèrent ensuite les convois et les cadavres dans le ravin et s'enfuirent à la faveur de la nuit avec les bagages qu'ils avaient récupérés. L'armée des hommes du Nord ne put se venger sur-le-champ, car les coupables s'étaient évanouis dans la montagne. L'épisode confirme l'agilité des Vascons dans la montagne. Les combattants vascons bénéficièrent d'une incontestable aura. Ainsi, le futur Louis le Pieux s'habilla à la mode des cavaliers vascons si l'on en croit l'Astronome, un chroniqueur anonyme du VIIIème siècle, à la cour de Paderborn devant son père pour lui faire plaisir. Il revêtit donc pour l'occasion un manteau ample et court, les manches de chemise dégagées, le pantalon flottant, les éperons attachés aux bottes et s'arma d'une lance.    

 

  On peut imaginer une société guerrière et hiérarchisée. Les Vascons se présentèrent devant Dagobert à St-Denis avec à leur tête des seniors, des chefs guerriers issus de familles larges, une sorte de chefs de clans. C'est une société d'hommes libres liés par un serment engageant une solidarité mutuelle. Ces éléments ont pu être adoptés auprès des Romains ou des peuples germaniques, puisque des Vascons combattirent, vous le savez, sur le limes.  L'organisation sociale devait être simple, sans structure unifiée (pas de roi) fonctionnant uniquement avec des familles élargies. Les formes d'organisation plus complexes proposées par les envahisseurs étaient rejettées très fermement par les Basques.        Ce n'était pas en tout cas une économie esclavagiste incompatible avec une production pastorale. Comment les bergers auraient-ils surveillé leurs esclaves en même temps que leurs troupeaux? Ils vendirent donc des prisonniers en Espagne et dans le Nord de l'Europe, incontestablement des sociétés esclavagistes, en jouant sur la position centrale de leur contrée.    La question de la religion des Vascons est épineuse. Tajon, l'évêque de Saragosse, écrivit à son vis-à-vis de Barcelone que des chrétiens eurent la tête tranchée par les Basques, que des brutalités furent commises par ceux-ci à l'intérieur des églises où de nombreux autels furent brisés, que des cadavres furent laissés sans inhumation aux voutours. Mais nous sommes en 653, une année où le roi Receswinthe subit une défaite au prix de lourdes pertes. De plus, des prêtres ont pu être tués, puisque la loi wisigothique impose à ceux-ci le service militaire. Bien des combats avaient lieu dans des églises-forteresses. Enfin, il semble que ces lignes s'inspirent de psaumes bibliques se lamentant des malheurs de Jérusalem, il s'agit donc pour le prélat d'un exercice de style académique. Le paganisme des Vascons n'est invoqué que par la Vie de St Amand (VIIème siècle) qui parle de "grossières croyances, devins et adorations d'idoles". Là encore, Dagobert mène une campagne militaire décisive à ce moment-là. Les évêques de Novempopulanie ne semblent pas être persécutés, puisque seul celui de Dax manque à l'appel au concile de Mâcon en 585. Au contraire, ceux d'Eauze sont exilés par le duc franc Ayghina en 626 pour complicité avec les Vascons. De plus, on se demande aujourd'hui si la Vie de St Amand, ce document à charge, soit-disant écrite par son secrétaire, est bien du VIIème siècle. Son latin a des caractéristiques du VIIIème siècle, aussi faudrait-il s'en méfier. Enfin, il faut comprendre que pour les Basques, l'Eglise était le soutien et l'allié des peuples germaniques tant honnis. Il est possible que le paganisme ait pu se regreffer par rejet de ces hommes du Nord après l'implantation du christianisme. L'autre hypothèse est que le paganisme vascon soit un cliché (ce ne serait pas le premier) pour rabaisser l'adversaire.  Il faut attendre 589 pour qu'un évêché soit confirmé à Pampelune aux lendemains de la conversion de Reccared. Son titulaire est Liliolus, mais cela ne signifie pas qu'il est le premier prélat de cette cité. De toute façon, la conversion au catholicisme ne signifie nullement que les Basques soient devenus soudainement pacifiques comme le montre cette Rictrude (nom peu vascon, il est vrai) qui entra dans un couvent avec ses quatre enfants après avoir assassiné son mari avec l'aide de sa famille. Son hagiographe Hucbald assure qu'elle était de la "race agile et combattive des Vascons", originaire de Jaca dans les montagnes.  Les chroniqueurs francs et wisigoths, qui sont nos seules sources, parlent de Wasconia à ce moment là.    

 

 

 

 

 [1] Constantin III était un empereur rebelle, venu de Bretagne (Angleterre), qui avait conquis la Gaule en 407 et qui s'empara même de l'Espagne dont la famille impériale de l'époque était originaire. Il remplaça les garnisons qui gardaient les cols des Pyrénées par des mercenaires barbares loyaux. Mais ceux-ci, par complaisance ou incompétence, ouvrirent la route menant à l'Espagne. Constantin sera renversé en 411.   

 

 [2] Les Suèves s'établiront finalement en Galice, les Alains en Lusitanie dont Orose sera chassé (né à Tarragone ou la Corogne vers 380, cet historien et théologien se réfugiera à Hippone, en Afrique du Nord, auprès de St Augustin, il mourut en 418), et les Vandales sur le reste de la péninsule, après tirage au sort selon la tradition.  

  

 [3] La Confédération vandale des Hasding sera maîtresse de l'Espagne jusqu'à leur départ pour l'Afrique en 429, puis les Suèves domineront l'Ouest et le Sud de l'Espagne. Les Romains ne contrôlaient plus que la Tarraconaise au Nord-Est. 

 

 [4] Salvien est un auteur latin né à Cologne ou Trèves, et mort à Marseille après 470.   

 

 [5] Isidore de Séville est né entre 560 et 570 à Carthagène et mort en 636.  

 

 [6] Grégoire de Tours est le célèbre auteur de l'Historia francorum, la principale chronique mérovingienne. Il fut historien et évêque de Tours, né vers 539 et mort en 564.  

 

 [7] Elle fut écrite vers 600 et est la source principale d'Isidore de Séville pour la période antérieure à 590.  

 

 [8] Il est difficile de démontrer que Vitoria (Gasteiz en basque, "marché au sel"?) est le Victoriacum des Wisigoths. Car les restes archéologiques sont rares, et pour l'instant on a surtout retrouvé des vestiges francs (du VIIIème siècle au plus tôt).  

 

 [9] C'est-à-dire qu'il a reçu l'huile sainte du Christ, comme un évêque, une première en Occident.

 

 [10] Fortunat, (né près de Trévise vers 550) était évêque de Poitiers. Il avait la louange facile pour les mécènes qui finançaient son riche train de vie. Chilpéric, le mari de la sinistre Frédégonde, bénéficie plutôt d'une mauvaise réputation colportée avant tout par Grégoire de Tours qui ne l'aimait pas.  Théoriquement, le Pays Basque Nord relevait du royaume de Clotaire Ier en 511, de Caribert (royaume de Paris) en 561, puis de Chilpéric (royaume de Soissons) à partir de 567.  

 

 [11] Le traité d'Andelot (aujourd'hui dans la Haute-Marne) redonnait au fils de Brunehaut, Childebert, les terres de son père Sigebert, roi d'Austrasie, assassiné en 575 par Frédégonde. Vidal de la Blache, dans son atlas général (1894), fait sans doute une confusion avec Lapurdum qu'il traduit par Labourd en cartographiant cette province avec les limites qu'elle aura par la suite. 

 

 [12] Le pseudo-Frédégaire, car il y a peut-être plusieurs auteurs derrière ce nom, est une compilation qui va des origines du monde à 660. Il s'agit d'un des rares documents sur les temps mérovingiens après Grégoire de Tours. 

 

 [13] Les dates de règne de Dagobert sont de 629 à 639. Mais il fut roi d'Austrasie dès 623, aussi peut-on placer cette 14ème année de règne en 635-636.  

 

 [14] Il est possible qu'Hunald Ier ait quitté le monastère à la mort de son fils pour récupérer son duché et serait mort par traîtrise un an plus tard en 770. Hunald II mourut à Pavie en 774.    

 

 [15] Certains historiens suggèrent d'expliquer l'arrestation de Loup II de Gascogne pour son rôle joué à Roncevaux. Il mourut pu après. Mais d'autres sources le font mourir lapidé en 774.    

 

 [16] Aznar fera encore parler de lui: il sera révoltera en 831 contre ses maîtres carolingiens (en l'occurence contre Pépin) en 831 et se réfugiera chez les Vascons où il mourra apparemment en 836. 

 

  [17] Le cosmographe de Ravenne précise bien qu'il y a deux patries vasconnes: en Espagne du Nord et dans l'ancienne Aquitaine.               

 

   [10) Le rôle stratégique de Pampelune a traversé les siècles: on y a retrouve des vestiges romains, wisigothiques, francs et musulmans.    [11] Les nationalistes basques prônent d'ailleurs le modèle romain, même si celui-ci ôta l'indépendance aux basques. C'est en fait une critique du jacobinisme français.                                    

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